23 déc. 2014

Traversée de l'Atlantique de Las Palmas à Ste-Lucie

























Nous voilà arrivés à Ste-Lucie!


Nous sommes très heureux et fiers d'avoir accompli cette aventure par nous-même, notre petite famille de quatre, et aussi, par nos propres moyens.

Le défi de traverser l'Atlantique et de faire son tour complet était sur notre "Bucket list" de vie depuis tant d'années. 
Explorer ses limites, mieux se connaître dans différentes circonstances du nouveau quotidien et avoir cette impression de vivre pleinement nous rempli de satisfaction. 

Pour cette partie de blog, j'ai décidé de vous transcrire partiellement mon journal quotidien écrit durant la traversée. J'ai omis certains passages pour rendre la lecture plus fluide, Cependant, je voulais rester le plus proche de mes écritures momentanées pour que vous puissiez ressentir mes états d'âmes et que vous puissiez avoir une image plus précise de ce que l'on a vécu.

Il y a des passages que j'aime et d'autres que j'aime moins dans mes textes. Le but est d'être le plus fidèle possible à mon journal. C'est celui que j'ai écrit même si le temps et les conditions ne le permettaient pas vraiment, même si la fatigue s'était emparée de moi à certains moments,... La traversée s'est bien déroulée, mais elle n'a pas été toujours facile. 
Ici aussi il y a un quotidien dont tu ne peux pas t' échapper. Il y a aussi des conditions et événements que tu dois faire face même si parfois, tu aurais envie de ne pas être là. 
J'espère que la lecture de mon journal personnel vous plaira. 

Alors voici, mon "Journal d'une Très Gonflée"... ;)

23 novembre


Le départ est retardé à demain. 
Je ne vous cache pas être très contente. Je dois avouer que je n'étais pas encore prête mentalement à faire face à ce vent et ces vagues déchaînées. Le travail des dernières semaines ne me permettait pas de focusser là-dessus pour bien me préparer. Soulagement. 
Les filles aussi sont contentes. Elles pourront passer une belle journée avec les autres enfants des voiliers familiaux de l'ARC.


Nous commençons notre journée, par un bon déjeuner en compagnie de Sailor Ted qui nous accompagnera tout au long de notre aventure sur l'océan Atlantique.


24 novembre


Là c'est vrai, nous quittons Las Palmas. À midi on quittera les Canaries et serons en mer pour 3 semaines,.... 4 semaines,... On ne sait pas. On verra. La durée de la traversée est une sorte de "lâché prise" que l'on doit faire dans ce genre de projet. Ce n'est pas facile en soi de ne pas pouvoir prévoir après toutes ces années de vie à "apprendre" à prévoir, à tout planifier et à tout optimiser. 
Nous tenterons d'arriver de l'autre côté de l'océan sans rien briser sur le voilier. Nous sommes prêts à faire face à tout et à se dépasser.

Nous pouvons sentir la fébrilité des équipages sur les pontons. Maintenant, il est temps de partir...



Alex et Inès du voilier Take Off, 5 ans et 3 ans et demi repectivement. Ils sont adorables ces deux petits coeurs.


Un peu plus de 180 voiliers sortent de la marina à la file indienne. Nous avons décidé de sortir les derniers. Les risques de se faire "aborder" par un autre bateau sont trop grands vu l'espace restreint entre la marina et la ligne de départ. De toute façon, ce n'est pas 1 heure qui changera tout sur 2880 miles nautiques à parcourir.


Alors que nous nous préparons à quitter notre ponton, nous constatons que le VHF n'émet pas toutes les discussions du début de la course. Encore un autre problème...
LA panique....
Je monte dans le mât pour aller vérifier les connections. Par la même occasion , je frotte les connections pour enlever tout résidus de sel ou de corrosion. Je ne vois rien. Je ne prends pas de chance, je mets de la graisse diélectrique pour favoriser la bonne conduction d'électricité. Dave de son côté, ouvre le plafond dans le voilier, au pied du mât, pour vérifier le filage. Rien d'anormal de son côté non plus.

On décide de partir et de tester le VHF à l'extérieur de la marina avec l'organisation et d'autres voiliers pour voir si tout est fonctionnel. Si rien ne fonctionne une fois sortis, nous reviendrons à bon port.

Évidemment, nous avons manqué le début de la course. Tous les bateaux sont loin devant. Pas de presse, c'est comme toutes les autres fois. Nous partons derniers, mais sommes optimistes de ne pas arriver derniers! ;)


La mer est forte. Le vent souffle fort. Rien de stable. Nous changeons fréquemment notre voilure. Nous avons deux prises de ris dans notre grand- voile pour être prêts à subir cette accélération des vents à l'approche de l'aéroport de Gran Canaria. Les vents peuvent monter jusqu'à 30 noeuds sans avertir. Nous ne prenons aucune chance.




25 novembre - jour 1

Première nuit à faire des manœuvres en continu pour tenter de suivre le vent et notre cap. 

Jour 1 plutôt exigeant, mais les vents devraient se stabiliser une fois passé le sud des Ïles Canaries, soit dans 2 ou 3 jours.


La chance semble avec nous malgré quelques tracas... 
bruit dans le mat.... le WD40 semble aider ce bruit qui nous dérange beaucoup. Nous avons peut-être nettoyé l'accastillage un peu trop en profondeur.... ;0

Je me sens bien sur l'eau, une paix se fait sentir à nouveau à l'intérieur de moi,... j'aime le rythme et l'écoulement des vagues sur la coque. Tout ceci me manquera au retour... je dois arrêter d'y penser....

Après 2 jours de navigation à se battre avec les voiles sous le vent des Îles Canaries, le vent vient de s'établir. Je retrouve mon rythme à nouveau...


Aujourd'hui, c'est une journée plutôt moche. Dave vient de réaliser qu'il nous est impossible de télécharger nos fichiers gribs sur le ipad.... 
Un petit brin de bonheur s'empare de nous quand nous pêchons notre premier mahi-mahi,.... petit de 25 pouces, mais il sera bon!


Les filles sont extraordinaires depuis notre départ. Elles n'ont pas été malades. Elles aussi, elles se sont amarinées tout de suite, et ce, même après 3 mois les pieds sur terre. Je suis très fière de leur courage et de leur capacité à lâcher prise du quotidien et du luxe. Elles trouvent leur confort dans ce minuscule  bateau en plein milieu de l'océan...  J'admire leur capacité d'adaptation. Cette aventure me confirme déjà qu'elles ont acquis des outils extraordinaires qui leur permettront de savoir comment profiter de chaque petit moment de bonheur dans leur vie.

Pour ce qui est de nos fichiers météo, je dois me parler, je me calme, je me parle pour rester calme,... Après toutes des heures, ces journées, ce semaines et ces années, de travail et de préparation... c'est à ce moment précis où l'on perd notre système météo? C'est enrageant! Mais je me calme, il ne sert à rien de commencer notre traversée avec ces émotions négatives. Ce genre de stress peut provoquer chez moi un mal de mer et ce n'est pas souhaitable. Je ne veux pas dépenser cette énergie inutilement. On doit se résoudre à accepter de ne pas être dans la course, simplement de faire le rallye et traverser. C'est probablement mieux ainsi. On s'enlève du stress de performance qu'on a "consommé" amplement dans les dernières années. 

Nous avons d'autres alternatives pour notre météo et notre routage. Jess ( Jocelyn Grondin au Québec ) nous routera tous les jours et d'autres voiliers aux alentours analyseront pour nous la route. Ce n'est pas l'idéal, mais ce sera ça et c'est exactement pour ça qu'on a fait des plans B, C et D. 

Le stress a été présent toute la journée sur morning Haze. 

Le soir venu je me couche et me fait brasser jusqu'à 12h45 dans le lit. Notre allure en ciseau est plus ou moins confortable.

26 novembre - jour 2

Pendant la longue nuit, un grain passe. Je dois enrouler le génois pour diminuer la superficie de la voilure. Parfait! Il vente enfin et Morning Haze va bon train.
J'enroule juste à temps! Durant 30 minutes, les vents soufflent et atteignent 30 noeuds. Seulement sous grande-voile déployée, tout est sous contrôle. 
Vers 7h00, quand le jour se lève enfin, je déroule le génois à nouveau car le vent a diminué! Je fais du travers pour rattraper le temps perdu avec ce 10 noeuds et moins de vent. C'est fantastique.

Je laisse Dave dormir une heure de plus ce matin, les derniers jours ont été épuisants. Moi, je me sens bien malgré tout et pas trop fatiguée.

Alors que toute la famille est encore au lit, je prépare des patates rissolées au gratin! Tous se réveillent avec le crépitement de la cuisson et l'odeur agréable qui se répand dans les cabines.

Ce matin, Dave perds le courriel de notre routeur Jess. Un autre coup dur...
Une tempête (gail) s'en vient et on n'a aucun voilier à portée pour avoir un aperçu de la météo... pas rassurant. Plus tard on croise le voilier Cloud 9 qui nous donne son opinion. Il pense comme nous, que nous avons descendu assez bas et que la houle et les vents forts nous serons épargnés.



Aujourd'hui on prélève nos premiers échantillons d'eau pour Edwin et Marjo de Ocean Conservation. 


Nous pêchons deux autres mahi-mahi de petite taille, 17 et 25 pouces. Je prépare le plus petit en un morceau entier et l'autre en filet pour notre Noêl avec la famille Hayes à Ste-Lucie! 
Humm!


On modifie nos quarts de nuit, car ça ne fonctionnait pas. Pour les prochains jours, nous tenterons des quarts de 5 heures la nuit, 4 heures le matin et 3 heures en après-midi... 

27 novembre -jour 3

Je me lève, il est 0100. Nous naviguons à une allure au près bon plein. C'est fantastique de filer à plus de 8 noeuds! 
Nous sommes en groupe avec Khujada, 1+1, Cloud 9, Vagaris et Fuga. Nous nous suivons. C'est agréable car on ne se sent pas seul. Sans fichiers gribs ça change tout sur la confiance en soi. 

J'ajuste mes voiles et prend un cap de 236 degrés. Vers 0300, Khujada me dépasse par tribord juste en avant à moins de 1 mile nautique. On avait perdu du terrain avec lui les premiers jours. On l'a bien rattrapé! :)

Au petit matin quand le jour se lève à peine, un groupe d'au moins 40 dauphins viennent me dire bonjour. Le bonheur de les voir explose en moi.  J'ai cette impression qu'ils me regardent et entrent en communication avec moi.
J'entends leur souffle les uns après les autres. Moment de pleinitude...


La journée et la nuit suivante se déroulent à une allure au près. C'est une allure moins confortable. Le bateau est très gité. 

28 novembre - jour 4

Cette nuit, j'ai bien rit lorsque j'ai vu Demi couchée sur le ventre, les pieds sortis du lit et à l'inverse de Rebecca qui elle, était totalement "adossée", voire imprégnée sur la cloison de bois. L'angle de gîte accentué du bateau et la chaleur ambiante qui augmente de jour en jour au fur et à mesure qu'on se dirige au sud, exige une adaptation corporelle rapide... Les filles me semblent en souffrir un peu cette nuit... ;)

Pendant la nuit j'ai dû me lever et aider Dave à effectuer virement de bord. Un bateau de pêche était en collision avec nous et ne répondait pas sur le VHF. Nous avons eu un peu peur. Même si nous avions priorité, nous lui avons cédé la route. 

Au courant de la journée, le vent s'est calmé un peu et il a tourné à notre avantage. Nous avons maintenant une allure de près bon plein. C'est beaucoup plus confortable. Selon Cloud 9 of Kingswear, qui nous fait sa lecture de fichiers gribs, dans 150 mn le vent diminuera entre 10-15 noeuds et ce, pour au moins 150 mn supplémentaires jusqu'à ce qu'il tourne NE. À ce moment, les fameux Alizées devraient s'établir.

C'est une journée maussade, nuageuse et avec des grains réguliers. 

Les filles sont de bonne humeur et profitent du moment présent. Elles s'amusent avec des jeux simples. Elles s'entendent à merveille. C'est une belle journée dans l'air.



Demi prépare de l'hummus maison. Ce sera très bon!

En après-midi, Cloud 9 of Kinswear passe tout près de nous. Nous communiquons avec eux, et nous nous amusons à prendre les meilleures photos possibles pour le concours de photos avec l'ARC. On verra qui gagnera le concour! C'est très amusant de croiser d'aussi près un voilier qui est dans notre classe pour le rallye! 






29 novembre - jour 5


Je ne retrouve rien d'écrit sur cette journée.... j'étais probablement fatiguée et la tête dans un autre monde....

30 novembre - jour 6

Nuit plutôt difficile. Le vent tourne sans cesse et nous devons tenir serré notre cap de 270 degré. Les grains se suivent les uns après les autres. Le vent accélère, ensuite il baisse totalement,... on enroule le génois,... on déroule le génois.

La dernière nuit passée à ajuster les voiles, a augmenté ma blessure à l'épaule droite. L'épaule gauche me fait mal aussi, mais compte tenu de la blessure aigüe de celle de droite, c'est elle que je dois utiliser. Cette nuit, faire des manoeuvres toute seule est un défi. Les ajustements se suivent jusqu'à 6h00 du matin, moment ou je vais réveiller Dave. Je suis épuisée,..lui aussi. 


Aujourd'hui il fait beau soleil et le ciel est bleu. Il n'y a que quelques nuages de beau temps.  

Nous reprenons le deuxième échantillon d'eau pour Marjo et Edwin. 

Nous mageons, fromages, hummus, salade de tomates et bocconcinis et, proscuito pour un diner sous le soleil. Maintenant nous sommes en t-shirt et shorts dans le cockpit.

Le vent est faible en matinée. Nous hésitons à hisser le Parasailor. La houle est assez grande, augmentant le risque de le perdre à l'eau ou le briser autour de l'étai. On tentera notre chance la semaine prochaine quand la houle aura baissée, selon les prévisions. En après-midi, le vent augmente et nous décidons de profiter des deux deniers jours de vent du NE pour poursuivre vers l'ouest. Par la suite, nous continuerons notre route vers le SE avec les vents dominants du ENE.

Il est 1500, je me couche. Le voilier avance bien et le son du glissement de l'eau sur la coque m'appaise.

En fin d'après-midi je donnerai les calendriers de l'Avant aux filles. Elles pourront suivre le décompte des jours sur leur calendrier jusqu'à notre arrivée à Ste-Lucie. ;)

Avec les filles, je confectionne des leurres de pêche. Les filles choisissent leur matériel et font leur leurre. Nous testerons ces dernier dans les prochains jours et désignerons le leurre gagnant!




1 décembre- jour 8

Au début de la nuit, le vent est très faible, les vagues ne sont pas dans le même sens que le vent, les voiles claquent sur le gréement. Je dois faire et refaire une série d'ajustements des voiles. Ce n'est pas cette nuit que je vais épargner mon épaule droite...

Vers 0200, les voiles ne claquent plus, heureusement. Il n'y a pratiquement plus de vagues. On file avec un vent variant de 4 à 8 noeuds. Je suis bien heureuse que Dave puisse dormir sans entendre ou sentir ce vacarme de claquement dans son lit. Il pourra se reposer un peu. 

Au milieu de la nuit, j'ai mon ipod qui souffle à mes oreilles de la musique inspirante. La chanson qui reflète le plus le mouvement de la mer, non pas en terme de signification mais bien en terme de rythme est la chanson "Bizarre Love Triangle". C'est une veille chanson reprise par le groupe Frente, et la chanteuse possède une très belle voix. Elle me fait apprécier une partie de cette nuit éprouvante.

Vers 0600 du matin, le vent tombe encore plus et les vagues sont d'une hauteur de 2 à 6 pieds. Les voiles commencent à claquer maintenant. J'essais différents angles du bateau par rapport au vent. Ces vagues commencent à m'irriter. Je suis fatiguée et je commence  être impatiente...

À 0700 je passe mon quart à Dave. Le repos est bien mérité.

Vers 0915, le vent est encore faible. Dave veut changer les voiles pour avancer plus rapidement et je le comprend. Je me lève encore fatiguée. Ça ne prend pas trop de temps que je me sens "comme une neuve". Nous changeons de cap et décidons de descendre un peu plus vers le sud. 

Je le répète encore, sans fichier Grib (météo), c'est n'est pas facile de savoir où seront les vents dans les prochaines heures et de prendre une décision éclairée sur notre route à prendre.  Nous nous fions à Jess notre routeur, aux bateaux qui sont tout près de nous par VHF, dont Cloud 9 of Kingswear et aussi un synopsis que l'ARC nous envoie une fois par jour par zones élargies de l'Atlantique. Jess communique  avec nous par courriel une fois par jour et il nous suggère un cap, un aperçu des prochaines heures et des prochains jours selon notre position quotidienne. Heureusement qu'il est là! Merci Jess!

Depuis à peu près 24 heures, il n'y a plus de bateau en vue. Plus aucun bateau sur l'AIS... cela veut dire, aucun d'échanges possibles pour confirmer notre cap. C'est difficile émotivement de ne pas être autonome.

Le vent est maintenant NNE. Nous prenons une allure en ciseaux par vent arrière. Le vent est toujours très faible et les vagues s'élèvent jusqu'à 8 pieds. Le bateau bouge beaucoup et nous tentons d'ajuster le tout pour que les voiles ne claquent pas. Les grains se succèdent. Les vents varient d'un grain à l'autre. Nous devons apprendre à lire ces nuages qui sont tout autour ce nous. Il n'y a que ceux qui sont à 30 degré du vent sur notre arrière tribord qui devraient avoir un impact sur nous. Nous devons absolument être attentifs. Lorsqu'un grain passe, les vents varient et peuvent monter au-delà de 30 noeuds et beaucoup plus encore. Nous devons évaluer la force des vents à la grosseur et la couleur des nuages pour décider si on enroule le génois pour diminuer notre voilure et encore une fois, pour ne pas risquer de briser quelques chose. Trois semaines en mer, c'est long si tu brise de l'équipement....

La journée est difficile sur le moral. Nous n'avons pas l'impression d'avancer. Et selon nos sources météo, les Alizées tarderont à s'établir pour laisser place à de la belle voile. 
Journée, dans les supposés Alizées, à oublier... c'est frustrant.


Après le souper, je fais mon quart avec Rebecca dans le cockpit. De belles et agréables discussions font un baume à cette journée. 
Passer ce temps ensemble, me rappelle soudain la raison de cette belle aventure. C'est un moment magique.

 Je vais me coucher vers 2030. Les filles sont avec Dave dans le cockpit. Je les entends discuter et rire. J'ai envie d'aller les rejoindre, mais je sais que ma nuit à dormir sera courte...

2 décembre - jour 9

À plusieurs reprises pendant mon sommeil, j'entends et je sens le bateau partir à l'auloffée. Dans mon lit, le son de l'eau sur la coque et du vent dans les haubans est amplifié. À deux reprises, je me réveille en sursaut et je monte voir dans le cockpit afin de m'assurer que tout est sous contrôle et que Dave n'a pas besoin de moi. Ça ne réveille pas trop bien ce sentiment de peur... Dave me semble très confiant et me dit que tout va bien. Je suis confuse, mais lui pas.... Je retourne me coucher les 2 fois. 

À 0100 je me lève, fatiguée. Cette nuit, je n'ai pas dormi sur mes 2 oreilles. C'est une étrange expression finalement, mais relativement assez imagée pour que vous puissiez comprendre qu'avec les vagues actuelles, pas de chance que mes 2 oreilles touchent l'oreiller! ;)

Je suis beaucoup mieux dans le cockpit à apprivoiser le mouvement de tangage de la coque. Les vents variant de 15 à 22 noeuds nous font rouler à plus de 9 noeuds par moment. Dave a même dû prendre deux ris dans le génois parce qu'il surfait parfois la vague à plus de 10.5 noeuds. Je commence à comprendre pourquoi je ne dormais pas bien tout à l'heure! 
Enfin du vent relativement stable! 
Quelle belle nuit légèrement éclairée par la lune. Le ciel se dégage. Il n'y a plus de grains depuis le début de la soirée. Super! 

Ça fait maintenant une semaine que l'on est en mer. Le temps a passé rapidement. Je pense que nous venons d'entrer dans la deuxième phase de cette traversée. La première est celle où tu ressens un peu d'anxiété face à l'inconnu et où tu ajuste ton corps et ta tête à faire face à toute sorte de situations... bonnes ou moins bonnes.
La deuxième phase est certainement la meilleure où tu accepte tout et où tu prends le temps de faire tout à un autre rythme. La vitesse de 5 miles nautiques à l'heure pour traverser l'Atlantique pendant 3 semaines nous convient alors... C'est à ce moment que l'on prend vraiment le temps de vivre le moment présent. 
AH que c'est bon!

La troisième phase sera celle où l'on va commencer à sentir que l'on approche de notre destination. À ce moment, c'est la phase "enfant" qui s'annonce. Là, ce ne sera plus apaisant. Ce désir d'arriver, nous fera paraître notre destination de plus en plus lointaine. Ce sera interminable.... J'espère que notre 2e phase durera le plus longtemps possible cette fois-ci pour apprécier notre aventure le plus longtemps...

Cette nuit, sur mon ipod, j'écoute David Getta et ses remix. La chanson qui colle le plus à l'agitation de la mer, au roulement des vagues qui proviennent de l'arrière, au tangage du voilier et à sa vitesse de plus de 7.5 noeuds, c'est incontestablement "I Gotta Feeling, remix  de FMIF". Habituellement, je préfère les chansons un peu plus profondes et intenses, mais cette nuit c'est celle-là qui tient le rythme!

À 0400, ça fait 1 heure que nous avons un cap variant de 300 à 216 degrés. J'ai attendu que le tout se stabilise avant d'aller réveiller Dave pour faire des manoeuvres. Si on n'allait pas tant vers le nord, je ne le réveillerait pas. Nous pointons vers les Bermudes plutôt que Ste-Lucie! Nous devons changer d'amure et avons une chance de faire notre cap de 260 degré qui correspond à notre ligne de foi vers Ste-Lucie.

Première étape, nous bordons l'écoute de la grande voile jusqu’à ce qu'elle soit au centre du voilier pour ensuite la laisser passer de l'autre côté du vent. Nous empannons et nous choquons l'écoute pour la laisser filer complètement jusqu'aux barres de flèches. Ensuite, nous enroulons le génois, sortons sur le pont à la noirceur pour enlever le tangon et le passer de l'autre côté de l'étai pour tangonner à nouveau le génois tribord amure. 
A ce moment précis où nous nous trouvons sur le pont, j'aperçois une infinité de méduses et de spécimens des profondeurs illuminer dans l'eau! C'est splendide! Ils sont tous a un maximim de 1 pied chacun et en quelques secondes, ils éclairent à tour de rôle, plus ou moins longtemps, dans la nuit. On les voit encore mieux sur le pont que dans le cockpit quand la mer est relativement calme...
Dave me ramène à l'ordre pour continuer les manoeuvres,... il est dans son quart de sommeil après tout!

Nous retournons dans le cockpit et déroulons maintenant le génois. Cette manoeuvre a duré environ une demi-heure en tout. Au bout de cette demi-heure, alors que nous faisons le bon cap de 262 degrés, nous entendons retentir le pilote automatique de ses petits coups de sonnerie indiquant un changement dans la direction des vents!.,.. Le vent vient de tourner à nouveau mais cette fois à notre désavantage! Il baisse de 30 degrés !!! Notre destination est maintenant le Brésil! Quelle horreur! Dave est insulté et enfile plusieurs "mots" les uns après les autres. N'avoir rien fait il y a une demi-heure, Dave serait encore dans son lit, notre cap de 260 degrés se serait fait tout seul! Il veut tout défaire pour revenir comme avant!
Je lui indique de retourner se coucher et que dans 2 heures et demi nous ferons le point. Apres tout, 15 miles nautiques vers le Brésil ne modifiera pas tant notre destination finale... 
Les vagues sont maintenant infernales. Elles viennent cogner contre l'arrière de la coque du voilier,  propulsant ainsi Morning Haze dans tous les sens et faisant ainsi claquer les voiles continuellement. Je tente d'ajuster le voilier par rapport au vent  et aussi par rapport aux vagues et à la houle qui arrive en croisé. Pas reposant du tout! Et surtout, très insultant à cette heure de la nuit!
Une heure plus tard, la sonnerie du pilote se fait entendre a nouveau. Le vent remonte de 25 degrés vers le nord! Enfin! On y est presque!
À 0700 je réveille Dave et je vais me coucher. Celle-là est bien méritée!

À 1015 je me lève, encore endormie. C'est mon quart qui revient. Le vent souffle aux environs de 13 noeuds, et il fait beau soleil. Aucun nuage de pluie ou de grain à l'horizon. Quelle belle journée malgré le claquement des voiles qui se fait entendre à quelques reprises lorsque les vagues n'arrivent pas dans le même angle que celui du voiler.

Nous pêchons avec le leurre fabriqué par Rebecca. Au bout de 1 heure et demi, nous avons 2 belles petites dorades! Nous remontons la ligne car le congélateur commence à être plein! Jusqu'à maintenant, c'est son leurre qui est le plus efficace. En une heure et demi, la ligne a probablement été à l'eau l'équivalent de 45 minutes. Le temps restant a servi à remonter la première dorade, prendre les photos et nettoyer le cockpit.
Bravo Rebecca!



Aucun bateau en vue ou sur notre AIS de la journée. On a vraiment l'impression d'être seuls à s'être dirigés dans cette direction!

Demi fait un bon pain aux bananes et Rebecca nous prépare un curry au poulet servi avec du riz. Merci les filles, c'est délicieux!

Je retourne me coucher à 2000.

3 décembre - jour 10

À 0100, je me lève et Dave va se coucher à son tour. 

Nous filons aux environs de 6,5 noeuds sur une belle mer de 2 à 4 pieds de vagues avec un cap de 245 degrés. Le bateau tangue un peu de gauche à droite, mais somme toute, l'allure reste confortable. Les voiles ne claquent pratiquement jamais. Le reflet de la lune éclaire la mer. L'horizon est un tapis scintillant argenté. Le vent se réchauffe d'une nuit à l'autre.

Cloud 9 apparaît vers 0045 sur notre AIS. Il roule vers le nord à 300 degrés. Il passe sur notre arrière à environ 8 miles nautiques de nous. C'est drôle de recroiser le même bateau plusieurs fois sur cet immense océan et aussi sur 210 bateaux partis en même temps!

Belle nuit, sans histoire.

Il est 0600, je retourne me coucher et Dave reprend la relève.

À 0930, je me lève. Il fait beau. Le vent souffle de 10-15 noeuds. La grande-voile claque quelques fois et nous n'aimons pas ça. Nous pensons à hisser le Parasailor, cette voile qui s'utilise lorsque le vent souffle à moins de 15 noeuds. Nous installons le tangon, les écoutes du Parasailor à poste, le hale-bas,.... le vent forcit.... on arrête tout. Nous décidons d'empanner et de sortir le génois tangonné puisqu'il vente maintenant entre 12 et 16 noeuds. Tout ce travail pour rien. Depuis maintenant 3 jours que nous répétons cette procédure sans résultat. Les vents forcissent toujours lorsqu'on est enfin presque prêts à hisser cette voile de petit temps.

Nous sommes étonnés que sur la route des Alizées, les vents soient si instables. Rien de ce qu'on nous avait raconté comme histoire. Ce qu'on s'était imaginé de cette traversée, ne se passe pas du tout comme prévu depuis les 10 derniers jours. Lucie et Gaétan du voilier Harmonie nous ont raconté avoir touché leurs voiles au début de la traversée et ils ont ensuite filé jusqu'aux Caraîbes! Pour nous, c'est la traversée où les manoeuvres sont continuelles et sans répit. Les vents changent continuellement, les vagues vont dans un sens et la houle de l'autre, provocant ainsi des vagues croisées qui font balloter Morning Haze de gauche à droite, et de bas en haut. Il faut le vivre pour comprendre... 
Christian Genest qui a traversé avec nous en novembre 2013 lors de la Caribbean 1500 saurait de quoi je parle! Nous étions à l'entrée du banc des Abacos dans les Bahamas quand le vent est tombé et nous avions dû tourner en rond à l'entrée de la passe du banc pendant toute une nuit. Tu t'en souviens Christian? La machine à laver....L'insulte suprême..... En fait, maintenant c'est quand même un peu moins pire qu'il y a un an, puisque la houle et les vagues sont moins importantes. Mais ce sentiment d'insulte est encore présent.

Voyez le mouvement de la lune sur cette photo. Je l'ai prise cette nuit. Vous pouvez avoir une bonne idée du mouvement de Morning Haze!


Nous sommes en plein milieu de l'Atlantique et le vent n'est pas au rendez-vous. Ce scénario ne faisait pas partie de nos plans. Les Alizées ne sont pas établis.... quelle déception.

Juste avant le dîner, le son du moulinet de notre canne à pêche retentit! Dave nous remonte à bord un autre beau mahi-mahi, mais cette fois, de 35 pouces. Il est très beau. C'est notre 8eme dorade et notre plus grosse depuis notre départ des Canaries. Nous réalisons que la dorade pêchée en mai dernier au départ des BVI était superbement grosse.  C'est en comparant que l'on se fait une meilleure idée. On aimerait bien pêcher du thon maintenant... est-ce la température de l'eau qui influence la capture de nos prises?... Lors de notre traversée plus au nord, nous voulions plus de mahi-mahi car nous ne pêchions que du thon et maintenant nous voulons du thon car nous ne récoltons que du mahi-mahi.




Sur l'heure du dîner, Rebecca et Demi nous cuisinent de bonnes pizzas maison aux tomates et bocconicis, que l'on déguste goulûment. 

Par la suite, nous procédons au remplissage de notre 3e bouteille d'échantillon d'eau pour l'étude sur les microplastiques.


En après-midi, nous sommes prêts pour un autre essai afin de hisser le Parasailor. On prépare le tout. Encore une fois, quand tout est enfin prêt, le vent forcit à 14 noeuds. Cette fois nous décidons d'aller de l'avant et d'arrêter de se conter des histoires de peur. On monte le Parasailor! Tout va bien, le Parasailor est déployé. Demi s'exclame quand elle voit cette superbe voile à l'avant de Morning Haze! 




Nous pouvons très bien sentir la puissance de cette voile. 

Soudainement, nous constatons que le tangon semble ne pas vouloir tenir le coup. Il courbe tout au bout. Nous avons peur qu'il plie carrément. Cette voile a beaucoup trop de puissance à 15 noeuds de vent pour Morning Haze. En environ 30 secondes, nous entendons et voyons le tangon tomber et aller se coller à l'étai du génois! Quel drame! Dave, à l'avant avec Rebecca, tentent tant bien que mal d'affaler le Parasailor. De mon côté, je laisse s'échapper le vent dans la voile en relâchant les écoutes. Le vent souffle trop fort maintenant. Le Parsailor reste gonflé très haut. À deux, ils réussissent finalement à l'affaler. Dans cette manoeuvre, Dave s'est fait prendre en serre un doigt dans une poulie sur le pont qui lui servait de levier pour descendre la voile. Le bateau bouge dans tous les sens car il n'y a aucune voile gonflée sur Morning Haze. Pour tout ceux qui ne font pas de voile, il faut savoir qu'un voilier est confortable quand il est bien appuyé par le vent. Pour cela il faut des voiles bien étarquées. Cependant, durant les manoeuvres ou l'on doit modifier nos allures ou notre voilure, nous affalons (baissons) les voiles et le bateau ne devient plus appuyé. Il devient alors difficile de se tenir debout sans risquer de tomber ou se blesser. 

Maintenant nous devons descendre ce tube d'une valeur de plusieurs milliers d'euros, et ce, sans le briser.
Je vais sur le pont avec eux, pour ne rien perdre à l'eau, surtout sous la coque. Rebecca va dans le cockpit et laisse aller la drisse du Parasailor pour descendre ce long tube qui recouvre toute la voile, d'une hauteur d'au moins 50 pieds. Nous tentons de plier le tout sur le pont. Tout à coup, une vague propulse Dave vers l'arrière, dos contre le tangon tombé sur le pont. Il se blesse aux côtes et reste étendu sur le pont en gémissant. 
À ce moment, j'ai l'image que je devrai prendre en charge le voilier jusqu'à bon port, voire Ste-Lucie, et que je dois m'assurer que tout l'équipage est en sécurité. Une montée d'adrénalique monte en moi. 
Rebecca vient automatiquement à son secours et s'assure qu'il n'est pas blessé trop gravement. Voyant que Dave est bien attaché et qu'il ne tombera pas dans l'eau, je m'occupe de cette grande voile pour ne pas que la situation s'envenime. Je ne vous cache pas que la panique (contrôlé cependant) s'est emparée de tout l'équipage, sauf Demi qui est restée dans le bateau comme on lui demande lors de manoeuvres. C'est plus sécuritaire ainsi. Nous avons tous bien réagit. 

L'adrénaline est à son summum. Je me sens en plein moyens,... 
Dave se relève lentement, et nous aide finalement à faire les manoeuvres pour remonter les voiles. 

Nous constatons que c'est le hale-bas attaché au 3 quart du tangon qui a cédé. Heureusement. S'il n'y avait pas eu ce hale-bas, c'est le tangon lui-même qui aurait plié. Naviguer par vent arrière sans tangon aurait rendu notre traversée de l'Atlantique très compliquée... 

Nous déployons le génois pour stabiliser et appuyer un peu le voilier pour éviter qu'il continue de bouger ainsi dans tous les sens. Par la suite, je grimpe à mi-mât pour aller décrocher le hale-bas coincé autour des barres de flèches. Lorsqu'il a cédé, il a été propulsé dans les airs et est allé s'enrouler à mi-mât. Avec ces vagues, monter dans le mât est périlleux. À deux reprises, les vagues me propulsent à l'opposé du mouvement du mât et me ramènent me frapper contre lui. Dans le même élan, le mouvement du mât me projette 180 degrés, dos contre les haubans. Je me frappe et me blesse le dos. Je suis chanceuse,... que des égratignures. Je n'ai pas mal du tout. Même en faisant très attention et en connaissant très bien les risques, il est presque impossible de contrôler parfaitement l'ascension et la descente du mât sans heurt dans ce genre de condition de mer.

Nous avons tout réparé, et pouvons avancer à nouveau. Une heure par la suite, la grande-voile et le génois tangonné étaient à poste.

Ce qu'on a appris,... le Parasailor, on le déploiera que par vents de moins de 10 noeuds. C'est beaucoup trop puissant et nous ne sommes que 2 adultes à bord pour faire toutes ces manoeuvres qui demandent force physique, temps et énergie. Nous sommes épuisés. 


Rebecca et Demi s'occupent de faire le souper. C'est délicieux!

Le vent tombe et varie entre 4 et 8 noeuds. La grande voile claque à toutes vagues. Notre patience est à bout. Nous ne voulons rien briser et nous sommes encore à mi-chemin. Nous prenons la sage décision de baisser la grande-voile pour la nuit et de naviguer seulement avec le génois. Ce ne sera pas rapide et ce ne sera pas confortable car le voiler ne sera pas bien appuyé, mais  nous ne briserons rien. De plus, nous avons besoin de dormir. Cette nuit, l'objectif est de ne faire aucune manoeuvre pour laisser tout le monde dormir quand ils ne sont pas dans leur quart.


Rebecca fait le premier quart de 0800 à 1130. Elle est très responsable et fait très bien ça. Dave prend le quart de 1130 et file jusqu'à mon réveil à 0300. Je prend la relève et compte bien rester debout jusqu'à la levée du jour dans 6 heures, vers 0900. 

Pour faciliter la gestion de la fatigue, il nous a été suggéré de conserver l'heure UTC jusqu'à notre arrivée à Ste-Lucie. Ajuster l'heure en fonction des fuseaux horaires n'est pas recommandé. C'est la raison pour laquelle il fait noir de plus en plus tard le matin. Au fur et à mesure que nous avançons vers les Caraîbes, on recule dans le temps. C'est exactement comme "Back to the future"! 


4 décembre - jour 11


Depuis quelques matins, Demi vient me rejoindre dans le cockpit pour prendre un chocolat chaud à la levée du soleil. Assises toutes les deux, nous discutons paisiblement. C'est tout simple et bon.

Gros déjeuner, bacon, patates rories, oeufs. Il y bien longtemps qu'on s'étaient gâtés de la sorte.

Ce matin, Dave veut réessayer le Parasailor. Les vents sont faibles, de 5 à 10 noeuds, et il fait beau soleil. 


Au bout d'une demi-heure, la Parasailor est hissé devant Morning Haze et le tire avec une puissance impressionnante. Ça nous prend un moment à s'habituer et à l'ajuster pour qu'il devienne de plus en plus stable. Si les vents montent au-dessus de 14 noeuds de vent réel, nous ne prendrons pas de chance et nous l'affalerons.

Pour dîner, saucissons de l'Espagne, salade de chou rouge et restant de curry au poulet. Délicieux sous le soleil chaud du 18e parallèle.

En fin d'après-midi, les filles préparent 2 pains aux bananes car elles ont toutes muries en même temps malgré le fait qu'on en avait acheté des vertes et des jaunes. 

Nos rations de fruits frais diminuent rapidement d'une journée à l'autre. Bientôt, nous n'aurons  plus de provision de fruits frais. Ici, il fait chaud et les fruits et légumes murissent très rapidement. 


En soirée, après avoir mangé notre soupe thaïlandaise au curry avec vermicelles de riz, les filles procèdent à leur concours de cuisine. Nous devons donner une cote d'appréciation en goût et en présentation à leur cupcakes aux bananes. Elles y ont ajouté des saveurs surprises (OHenry, Caramel, Maltsetler...). Nous devons maintenant les goûter et noter notre appréciation sans savoir qui les a fait. 


Nous avons navigué toute la journée avec le Parasailor. Vents stables, peu de mer,... moment idéal pour le pratiquer. Avec un vent apparent d'une force de 3 à 8 noeuds, nous pouvions avancer à une vitesse de 4 à 6 noeuds. Pas mal du tout, surtout que le bateau devient très stable et ne tangue pratiquement pas. Ce sont comme les vacances aujourd'hui! Nous pouvons nous reposer un peu.

Nous décidons de descendre le Parasailor pour la nuit. Nous commençons à apercevoir des grains au loin en arrière de nous. Nous ne prendrons pas de chance.

Nous tangonnons le génois et continuons notre route, en tanguant un peu plus de gauche à droite.... C'est moins confortable maintenant.


À 2130, je vais me coucher.

De l'eau me coule sur la jambe. J'avais laissé le hublot dans le cockpit ouvert et il pleut. Je le ferme à l'instant. 

Le vent tombe vers 2300. Dave enroule le génois et part le moteur pour poursuivre la route.

5 décembre - jour 12

À 0230, je prends la relève. Dave et Rebecca, qui a décidé d'accompagner Dave pendant son quart, vont se coucher.

Le vent est faible et de direction NW. Rien n'indiquait que le vent tournait dans cette direction. Ce doit être passager, le temps que la pluie passe.
Le vent est très faible maintenant. La mer est calme. Le ciel est clair avec quelques nuages. Nous avançons toujours à moteur, il est 0530.

À 0815, le vent se lève subitement avec une grosse vague qui vient frapper contre la coque.  Un grain se dirige vers nous. La pensée de lever les voiles me passe par la tête après toutes ces heures de moteur,.... ,mais c'est pas le temps de lever les voiles alors que le grain arrive et que le vent monte déjà à 19 noeuds. Je vais attendre que ça diminue un peu. Dave se réveille puisque le bateau recommence à tanguer. Je lui explique la situation et lui dit d'aller se recoucher. J'irai le réveiller quand le vent sera établi. 

Il est 0930, nous déroulons le génois. Le ciel se dégage au SE. Je vais me coucher, il est 1000.
À 1045, le vent a une force de 8 à 10 noeuds. Dave me réveille pour monter la grand-voile et le génois. Nous tentons le tout pour le tout, car c'est la limite inférieure pour gonfler les voiles. Je retourne me coucher, il est 1110.
À midi, je me relève à nouveau, nous descendons toutes les voiles et tentons de gonfler le Parasailor.... ÉCHEC!!! Pas assez de vent.... 5  noueds de vent réel.
C'est le découragement. L'ETA (Estimated Time Arrival) de notre traversée augmente en longueur plus le temps avance.

Il fait beau, pas de vent et nous sommes en plein milieu de l'Atlantique. La terre la plus proche est à 1200 mn vers les îles des Caraîbes et à 1300 mn de la côte Africaine. Plus aucune voile ne se gonfle et ne peut faire avancer Morning Haze. 
Ce rythme, nous ne serons pas capable de le tenir longtemps.... il faut que ça avance, sinon il y aura un carnage ici! Je réalise que l'on est "stable mentalement" :) lorsque le voilier avance au-delà d'une vitesse de 5.5 noeuds. En bas de ce seuil psychologique on devient un peu fou. :) Je pense qu'on n'est pas de vrais marins, qui eux s'adaptent au gré du vent et où le vent les porte...  
Le sang dans nos veines a besoin que ça bouge!

On tourne ce désastre éolien en opportunité!!! Notre rêve de se baigner en plein milieu de l'Atlantique à plus de 29 000 pieds de profondeur refait surface! On met notre plus beau costume de bain pour l'occasion et HOP! à l'eau alors que Morning Haze file à 2 noeuds!!!! L'eau est à 24.9 degré celcius, c'est super chaud et il fait très beau.



Sailor Ted embarque dans sa barque et suit Demi dans l'eau, traînés pas la bouée de sauvetage.


Je rejoins Demi et m'accroche à la bouée avec elle. L'eau est idyllique. Elle est d'un bleu profond, bleu piscine parfaite, translucide, le bleu est intense,... Pour un  moment on aime penser qu'on est seul dans cette immensité car on ne voit rien dessous et l'eau est, au risque de me répéter, PARFAITE.... 

Cependant, je ne suis pas sans penser que la fille de nos amis Lucie et Gaetan qui ont traversé l'Atlantique il y a 2 ans a vu la nageoire dorsale d'un requin, alors qu'elle se laissait traîner les pieds à l'eau à l'arrière du voilier, ... 
J'ai bien fait attention de ne pas enfiler nos "bikini à paillettes" pour ne pas imiter un gros leurre attrayant. Un principe de base à la pêche en haute mer est: 
"Plus le leurre est gros, plus le poisson s'y attardant sera gros!" :)

Dave saute de la plage arrière du voilier avec sa GoPro! J'ai hâte de voir ces images!

Voilà! Une autre chose de "cochée" sur notre liste de vie! 
Voici les coordonnée GPS de notre baignade en ce vendredi 5 décembre 2014 à 1430: 

18°26.350'N
039°49.210'W




Le reste de la journée nous faisons de petits travaux sur le voilier, une dégustation de pains aux bananes préparés par les filles et préparons un bon souper de mahi-mahi bien frais.

Dave et les filles écoutent le film "Cast away" pendant que moi, je vais me coucher pour me relever pour mon quart  la nuit prochaine. Pas toujours facile de se coucher à 2000. ;(

6 décembre - jour 13

Dave me réveille à 0245. Il ne s'endort pas, mais il est mieux d'aller se coucher. Merci pour cette longue nuit Dave! :)
Depuis 0100 que le vent s'est levé avec une force qui varie de 15 à 25 noeuds. Ça fait du bien d'avancer! On se questionne si l'on doit lever la grand-voile ou rester avec le génois seulement. 
Depuis mon réveil, le vent a baissé de nouveau. Il varie maintenant de 8 à 15 noeuds. Nous venons à la conclusion que tant que le vent ne monte pas au dessus de 12 noeuds, nous laissons la grande-voile affalée. Elle risque trop de claquer et, nous ne voulons pas la briser.

Les vagues viennent du SE et elles sont d'une hauteur de 2 à 4 pieds aux 4 à 5 secondes. La houle, provient du NE et a une élévation de 6 à 8 pieds aux 5 à 6 secondes. Croyez-moi, même par petit temps et petites vagues, le bateau tangue dans tous les sens avec cette mer croisée!

Oups... une grosse vague vient se fracasser contre la coque... un cartable tombe par terre dans la cabine et s'ouvre entièrement, laissant s'échapper toutes les feuilles! Un bruit retentissant et un roulement se fait entendre dans le cockpit. Dave se lève en sursaut. Rebecca vient voir si nous avons besoin d'aide. Demi dort comme une bûche. :)

La bouteille de propane, auparavant bien attachée, s'est détachée et a été propulsée par terre.  Je monte en 3 grands pas dans le cockpit. Heureusement nous ne l'avons pas perdue par dessus bord! Je constate que le vent vient de tourner de 60° alors que nous naviguons sur le pilote automatique en mode cap fixe. J'ai une frousse pour le génois tangonné. Il est à contre vent puisque nous sommes maintenant de travers! Je nous ramène en mode "wind vane" sur le pilot avec un degré de vent de 170° par rapport au bateau. Je me sens étourdie tellement le bateau tourne au vent rapidement. Un grains vient d'arriver. Il pleut des clous! J'ai évité le pire.... je me laisse aller dans le sens du vent, mais nous remontons au nord. Ce n'est pas du tout par là qu'on veut aller! Après plusieurs minutes, le vent tourne à nouveau pour me permettre de faire un cap de 260°. Un autre grains nous frappe à nouveau, mais moins fort cette fois-ci. Je passe quelques minutes sur un cap nord et je reprends un bon cap par la suite.

Pas reposant comme nuit. Pas plaisant comme réveil pour Rebecca et Dave non plus.



En se réveillant vers 1000, Demi me dit qu'elle a mal au dos. Durant la nuit, elle s'est blessée en dormant lorsqu'elle a dû combattre, endormie, le mouvement saccadé de balancement du voilier quand le vent a tourné subitement. Il faut le vivre pour comprendre ce que c'est se faire brasser dans les vagues jours et nuits. Même en dormant, notre corps se retient pour contre-balancer l'effet roulant du voilier. Nous avons tous perdu du poids depuis 3 semaines et ce n'est pas parce que nous ne mangeons pas beaucoup. Dans les faits, nous mangeons plus qu'à terre. En plus de nos 3 repas par jours, nous mangeons des collations au moins 3 fois par jours et au moins 1 grosse collation la nuit. Nous avons énormément de réserve de nourriture. De quoi nourrir une armée!

La journée est belle. 10-15 kn de vent. Trop de vent pour faire du Parasailor et juste pas assez pour ne pas entendre la grande-voile claquer à l'occasion. Nous passons la journée à tenter de trouver le bon cap pour maximiser notre route directe vers Ste-Lucie. La vitesse et le mouvement des vagues et de la houle en croisé qui nous fait tanguer continuellement.

Vers 1400, à mon réveil, j'ouvre le congélateur, et observe qu'il n'y a plus de glace sur les plaques! Encore endormie, je trouve que Dave a  pris une drôle de décision de faire "défroster" le congélateur... En lui posant la question, je me réveille un peu plus et viens à l'évidence que ce n'est pas ce qu'il a fait. Le compresseur!!!! Plus rien ne fonctionne. Le seul manuel d'instruction que nous n'avons pas à bord est celui-là! Nous avons tous les autres, de tous les équipements imaginables et inimaginables, mais pas lui! 
On ouvre le coffre en dessous des bancs du carré, on dégage le compresseur et les fils. On trouve un autre endroit pour replacer toute la nourriture entreposée là. Après la lecture du plan électrique du manuel Hunter sur la configuration du système de réfrigération, Dave examine le filage. Je ferme le disjoncteur du réfrigérateur et l'ouvre à nouveau. Nous trouvons un problème de contact à 2 endroits. Si on ne les manipulent pas trop, le système repart.... Nous n'osons pas essayer de les réparer car on a peur d'empirer la situation. Un adage dit bien:
"If it's not  broken, don't fix it..."

Nous ferons plutôt un tour de visite de courtoisie à toutes les heures. 
OUFFF!!!! Je me demandais bien comment j'aurais fait sans frigo et congélateur pour les 10 prochains jours.... comment nous aurions pu manger tous ces mahi-mahis, et ce, en 2 ou 3 jours. On a même pensé à faire des cannages ou en faire mariner.... Bon, rien de tout ça ne s'est passé et heureusement!


La journée passe avec ce beau soleil qui nous réchauffe. Soleil, quelques grains à l'horizon et arc-en-ciel exceptionnel. 
Il fait très chaud maintenant et l'eau est à 25.2 degré celsius. 
Nous avons très hâte de marcher sur une plage de sable chaud!

Nous soupons tous ensemble dans le cockpit, comme à l'habitude et ensuite, pendant que les filles font la vaisselle, je vais me coucher.

Ce soir encore, nous nous questionnons à savoir si nous prenons un ris ou pas pour la nuit. Si jamais un grain passe, il sera trop tard pour réagir et le prendre. De plus, ça évite de réveiller l'autre. Mais, prendre un ris maintenant nous ralentira de 0.5 à 1 noeud certainement. Sur de longue distance, c'est du terrain perdu pour rien.;)

Verdict, nous prenons le ris. Nous y allons pour le côté sécuritaire, et "au diable" la vitesse.... Je retourne me coucher. Une demi-heure plus tard, j'entends Dave dire à Rebecca qu'ils enlèvent le ris... Je me lève et je vais les aider. Nous enroulons le génois, je vais au mât enlever le ris, faisons face au vent pour faire fasseiller la grande-voile et l'étarquons. Nous reprenons notre allure et hop , en route sur notre cap, pleine voilure! 
Alors, "au diable" le côté sécuritaire, se faire dépasser par les autres voiliers, on n'aime pas ça du tout! :) Maximisons la vitesse! 

7 décembre - jour 14

À 0100, je me réveille. Avant que Dave n'aille se coucher, nous modifions les voiles à nouveau car depuis le début de la soirée que la grande-voile claque à cause des vagues et de la houle. Nous changeons changeons d'amure. C'est maintenant beaucoup plus confortable. 

La nuit est belle. La pleine lune éclaire le haut des vagues tel un tapis argenté et scintillant. La houle augmente par moment, et peut monter jusqu'à environ 10 pieds. 

La musique "Such Great Heights" du groupe "The Postal Service" se prête parfaitement pour l'occasion.

Je commence à m'endormir. Il est 0600. J'aimerais bien pouvoir continuer et laisser dormir Dave jusqu'à 0700. 
À 0730, je réveille Dave et je me couche.


Il est 1100. Je dois me lever. J'entends les voiles claquer et Dave ne veut probablement pas venir me réveiller. Ce matin, sortir du lit est plus difficile. Mes épaules et mon bras droit me font plus mal que tous les autres matins. La répétition des mouvements de manipulation des winchs maintien ma blessure. Ce sera un repos physique bien mérité rendus à Ste-Lucie.

Il fait beau soleil. Le vent souffle entre 8 et 15 noeuds toute la journée. Nous devons changer nos agencements de voiles 2 fois durant la journée pour combler les variations de vent en force et en direction. La mer et ses vagues croisées trop grosses pour le vent qui souffle, font régulièrement dégonfler nos voiles. 

Notre optimisme à arriver en 18 jours est maintenant définitivement éteint. Nous devons focusser sur un autre objectif plus réaliste pour se motiver. Des moments d'impatience pour des riens se font entendre à l'occasion de la part de chacun d'entre nous. C'est un moment critique pour le voyage. Nous devons nous reprendre en main. Nous en discutons et se donnons un objectif personnel de comportement positif. Tout ce qui sera positif contaminera le groupe au même titre que tout ce qui est négatif contamine aussi, mais pas dans le bon sens. Nous optons pour augmenter le nombre de comportements positifs individuels!  À suivre...

Aujourd'hui, Rebecca et Demi font quelques bracelets de survie en cordages nautiques. Ils sont très beaux et de toutes les couleurs. Quelques personnes seront choyées de les recevoir en cadeau sous peu! ;)

En fin de journée, après avoir trouvé la meilleure allure pour que ce soit confortable durant quelques heures, nous arrivons à un point ou nous devons prendre une décision sur notre cap. Actuellement, nous nous dirigeons à un cap de 234°, trop au sud, et ce  depuis 1 heure car les vents ont changé franc est. Nous tentons vers 2000, juste avant le coucher du soleil de se mettre en ciseau en tangonnant le génois. Heureusement, les vents soufflent un peu plus forts, soit de 11 à 15 noeuds, ce qui nous permet de filer avec un cap de 250°. Le cap optimal pour se rendre à Ste-Lucie serait de 258°, mais déjà c'est beaucoup mieux. 

Ce soir encore, nous mangeons du mahi-mahi pour souper. C'est un poisson délicieux que l'on ne se lasse pas du goût (pas encore du moins...).

Au coucher, Demi vient s'étendre à mes côtés et je lui fais des points pression.  Son dos lui fait encore mal. Il est très rare que Demi se plaigne d'avoir mal. C'est une petite fille très musculaire et solide. Je prend soin d'elle pendant une demi heure avant d'essayer de m'endormir.

De 2000 à 2100 Rebecca fait un quart pour nous laisser dormir. À 2100 Dave prend la relève jusqu'à mon quart. Pour ma part, je me suis endormie  seulement à 2300 avec une migraine qui perdure depuis 1500 cet après-midi... je vais être fatiguée à 0100 pour ma veille de nuit...

8 décembre - jour 15

Dave me touche doucement le visage. C'est à son tour d'aller se coucher et au mien de veiller le reste de la nuit. Je me lève aussitôt. Il est 0300. Merci Dave de m'avoir laissée dormir un peu plus longtemps. Ma migraine n'y est plus!;)

La nuit se déroule à merveille. Morning Haze semble redevenue en pleine forme. Elle file dans les vagues àa bonne vitesse! Avec cette allure en ciseau avec un vent de 16 à 22 noeuds, nous avançons à une vitesse de 6.6 noeuds en moyenne avec des pointes à 8 noeuds,... ça c'est son rythme! C'est comme ça que je l'aime! J'aimerais que ça dure ainsi pour les 6 prochains jours!

La journée en est une ordinaire et sans histoire, sans soleil, mais beaucoup de vent. Aucune catastrophes ou inquiétudes à signaler. Que celles qui nous préoccupent déjà, telles les voiles qui claquent à l'occasion, les empannages incontrôlés que nous voulons éviter à tous prix car nous sommes vent arrière, le congélateur qui, selon moi, ne me semble pas très froid. Je dois alterner les aliments sur la plaque de congélation pour qu'ils restent congelés.

Aujourd'hui, plus que d'habitude, Dave ressent la fatigue du voyage. Au moins, nous ne sommes pas fatigués en même temps. Les filles, elles, sont bien. Demi commence à trouver le temps un peu long et voudrais faire du ipad toute la journée. Je lui avais téléchargé des livres et elle est bien contente car contrairement à sa tablette de lecture, mes livres eux, sont en couleur. Les deux lisent presque à longueur de journée.

C'est une journée disons,"remarquable" du côté nourriture. Le dîner et le souper ont été absolument "déguelasses"! Habituellement nous mangeons très bien. Je prête une attention particulière sur ce point car se retrouver autour d'un bon repas, c'est un aspect qui réconforte et un moment agréable entre nous. Je ne peux pas en dire autant aujourd'hui. 
Pour dîner, nous voulions utiliser des aliments non consommés depuis notre départ du Québec. Il s'agit de nourriture facile à faire en cas de très mauvais temps. Comme nous avons du chevreuil et de l'orignal que Mme Hayes nous a fait en conserves avant de partir, nous pouvons l'intégrer aux plats facilement. 
J'avais acheté, et vous m'en excuserez, 3 boites de Hamburger Helper. Ce midi nous avons tenté de manger celui au Tacos Mexicain. C'était infecte! On a beaucoup rit avec ça. Plus jamais, au grand jamais, je ne vais racheter cette "bouffe à chat"!
Et pour souper, ce devait être facile et bon. Nous avons à nouveau réussit à manquer le plat!!! Des pennes sauce rosée au parmesan c'est difficile à ne pas réussir mais nous l'avons fait! J'ai recommandé à Rebecca d'utiliser l'eau de la mer, qui est salée, pour faire cuire les pâtes. Jusque là ça va, car nous faisions cuire nos langoustes dans cette eau quand nous étions dans les Bahamas. En goûtant pour savoir si les pâtes étaient "al dente", Rebecca éclate de rire et nous mentionne que les pâtes sont beaucoup trop salées! Nous les avons mangées en se disant qu'avec la sauce ce sera moins pire... absolument pas! Verdict de la journée.... aujourd'hui on s'est nourrit! Aucun coup de circuit à ce niveau. 

Demain, j'essaierai de trouver quelque chose de bon. Nous commençons à manquer de produits frais après 2 semaines hors des sentiers battus.


Nous avançons très bien en distance et en vitesse malgré notre attention qui doit être constante à cette allure de vent arrière en ciseau. Nous avons fait notre plus grosse journée de distance avec 163 mn et une moyenne de vitesse d'environ 6.5 noeuds. Nous sommes très contents.

Au courant de la journée, nous apercevons sur notre AIS, trois autres voiliers, dont Cygnus Peña qui nous a rejoint depuis hier soir. C'est un voilier Alberg Rassy de 49' qui est plus rapide que nous et qui avance très bien au vent arrière. En le contactant par VHF, il nous mentionne que depuis 3 jours ils barrent le voilier 24/24 car leur pilote s'est brisé. Heureusement, ils sont 5 adultes à bord pour faire les quarts. 

Je vais me coucher à 2030 dans une mer croisée de 4 à 10 pieds et un vent pas tout à fait assez fort pour soutenir le bateau confortablement des ballottements et du risque d'empanner. Pas relaxant et pas très reposant.

9 décembre - jour 16

Je me réveille fréquemment dû aux mouvements et bruits de Morning Haze. 
Lorsqu'on dort, tout les sons sont amplifiés ou à l'inverse, parfois on pense qu'on n'avance plus et que le temps est mort. Pourtant, nous filons actuellement à 8 noeuds. Étranges sensations.... 

À 0100, je me lève. Là, je ressens la fatigue profonde. Ma poitrine me serre en dedans. Je dois respirer profondément pour mieux me sentir. Dave me dit d'aller me recoucher. Il viendra me réveiller quand il sera fatigué. À 0300, je sens une légère caresse sur le frond. Je me sens bien. Cette sensation est très agréable jusqu'à ce que je réalise qu'il y a une raison technique pour cette douceur. Je dois me lever pour mon quart de nuit!!!! 

Une fois un Red Bull englouti dans mon estomac, je suis plus apte à prendre la relève. Dave m'indique les conditions de mer et les manoeuvres qu'il a dû faire pour me mettre dans l'ambiance et me préparer à faire face à ce quart de nuit. C'est ce que nous faisons automatiquement à tous les changements de quarts.

Nous filons beaucoup trop vers le sud, mais le vent est bon. Nous avançons à plus de 6.5 noeuds et faisons des pointes à 8.5 noeuds. C'est très encourageant. Nous prendrons une décision sur notre cap demain midi lors de la prise de la météo des prochains jours. Cygnus Peña est toujours sur l'AIS. Il file plus vers l'ouest car son gréement le lui permet. Les 2 autres voiliers ont disparus de l'AiS. Au-delà de 12 mn, nous perdons les traces des petites embarcations sur notre AIS. Aux dernières vues, il y a quelques heures, les voiliers filaient beaucoup plus nord-ouest que nous.

Assise dans le cockpit, attachée à la ligne de vie, je regarde à l'horizon. La lune éclaire cette mer de lames d'écume blanche et ce ciel gris anthracite. J'ai une pensée pour maman... j'ai une pensée pour Joey... j'ai une pensée pour Sophie... La douceur du vent sur mon visage rafraîchit ces coulées froides qui glissent doucement sur mes joues...  J'aime penser que vous êtes là, ici, quelque part,... dans cette immensité. Je pense souvent à vous.

Je regarde vers l'arrière du bateau. Je vois des murs noirs avancer vers la plage arrière de Morning Haze. C'est impressionnant la force de ces vaques qui nous propulsent rapidement vers l'avant lorsqu'elles ont un angle parfaitement perpendiculaire au voilier. 
D'autres fois, elles poussent le derrière de Morning Haze de 30 degrés changeant d'autant notre course et faisant claquer les voiles. 
Et parfois, ces puissantes vagues se fracassent contre la coque en un bruit retentissant et saisissant, propulsant en un seul jet un poids de 24 000 livres. On peut voir alors le mât tanguer d'à peu près 30 degrés de haut en bas. 
Ces vagues nous sont envoyées par une dépression plus au nord de nous. J'estime qu'elles doivent avoir un minimum de 10 pieds de hauteur. Je suis bien heureuse de les rencontrer alors que le temps est clément et non par mauvais temps.
J'ajuste continuellement le cap pour optimiser le degré du vent par rapport aux voiles, aux vagues, à la houle croisée et à la vitesse du bateau sur l'eau. C'est impossible de cogner des clous!

La journée passe. Nous commençons à calculer la date possible d'arrivée et le nombre de miles nautiques restants à faire. Tous les calculs possibles et impossibles surgissent de tous et chacun. Nous sommes probablement entrés dans la troisième phase de notre voyage. C'est la phase où l'on commence à avoir hâté d'arriver. On vit maintenant moins dans le présent, c'est dommage. Le temps commence à être plus long. Nous recevons le positionnement des bateaux, leur degré de latitude et longitude, le nombre de miles nautiques leur restant à faire et ça ne nous encourage pas. Plusieurs bateaux nous ont dépassé ou rapproché. Le vent arrière ce n'est pas notre allure préférée.... Aujourd'hui n'est pas une bonne journée pour le moral.



Nous avançons rapidement , mais beaucoup plus vers le sud que vers l'ouest. Le vent de l'est ne nous permet pas de descendre plus au vent vers notre cap de 265 degrés. Plusieurs discussions s'animent à bord à savoir si l'on doit empanner et optimiser notre cap ouest en faisant cependant un peu de nord, ou rester comme on l'est actuellement, soit faire plus de sud que d'ouest. Après plusieurs arguments, tous bons, jamais rien de très clair et de tranchant de part et d'autre, nous optons pour empanner et ainsi faire un peu de nord, mais surtout plus d'ouest qu'actuellement. 

10 décembre - jour 16

La nuit se déroule comme les autres, à s'assurer que l'on navigue sécuritairement par vent arrière dans des vagues croisées de 3 à 8 pieds.

Ce soir, je n'ai pas le goût d'écrire. J'ai hâte d'arriver à destination. Je trouve le temps long. Bonne nuit à vous tous, je vais m'occuper du bateau.

Le matin venu, je réveille Dave à 0600. Il fait son quart jusqu'à 1000. Quand je me lèeve, le jour se lèeve à peine et j'ai mal à la tête. La fatigue a maintenant raison de moi.

Comme depuis plusieurs matins, je vais réveiller Demi pour qu'elle vienne prendre son petit café ou lait chaud au miel avec moi pour admirer le lever du soleil. J'aime me retrouver seule et côte à côte avec ma fille dans le cockpit. Parfois nous parlons, parfois nous sommes muettes. Nous sommes bien, tout simplement. Il est 1045, le jour est là.

Aujourd'hui, l'ambiance à bord de Morning Haze est à son plus bas depuis le départ. Nous sommes impatients, les uns après les autres. Il n'y a que Demi qui avait un sourire en se levant. Elle a été rapidement contaminée par cette ambiance. 

Pourtant, le soleil et le ciel bleu sont resplendissants. Il n'y a aucun nuages dans le ciel. Le vent est tombé. Les voiles claquent de plus belle. Nous faisons une moyenne de 5 noeuds toute la journée. Décourageant, en cette troisième phase de voyage. Les derniers 500 mn à parcourir semblent s'éterniser. 

Vers  1630 , nous décidons de changer d'amure pour voir si les vagues de 3 à 10 pieds qui nous font ballotter dans 9 noeuds de vent réel serait suffisant pour alléger notre malaise mental... À notre grande joie, ça fonctionne!...Nous filions enfin sur notre cap de 260 degré en direction de Ste-Lucie. Après une heure, ça recommence à nouveau. Le vent retombe, les vents changent de direction et nous donnent continuellement de mauvais angles de course par rapport au vagues et à la houle de 10 pieds. Que la journée est longue....

Vers 1700 nous sommes fatigués Dave et moi. Depuis le début de cette aventure nous sommes sur l'heure Universel ( UTC). L'heure à Ste-Lucie est à UTC -4. Il devient étrange de voir le jour se lever à 1000 le matin. 



Rebecca fait un quart à la barre pendant que nous nous reposons. Par la suite, elle nous concocte une bonne lasagne maison avec des pâtes fraîches (de 3 semaines ;) ) et 3 sortes de fromages des Îles Canaries. De plus, elle prépare une croustade aux pommes. Il ne nous reste qu'un melon à manger en fruits frais pour les journées à venir.

Nous soupons dans le cockpit, comme à tous les soirs. Le souper est absolument délicieux ce soir. On ne mangera plus jamais une lasagne comme celle-là. Les ingrédients étaient uniques des Canaries. Merci Rebecca! Ce soir, nous nous permettons de prendre un tout petit demi verre de vin blanc. 

Soudainement, Demi apparaît dans le cockpit. Elle tient quelque chose dans ses mains et nous dit que nous devons tirer au hasard 2 équipes de 2 personnes. On se regarde tous et embarquons dans son jeu, même si l'humeur n'est toujours pas à la fête. Avec son enthousiasme, elle nous fait jouer à TABOU. Il s'agit de faire deviner un mot à l'autre personne de notre équipe, le plus rapidement possible, et ce, sans dire les autres mots inscrits sur la carte. Le plaisir nous gagne, les sourires et la bonne humeur revient sur Morning Haze. Merci à ton tour Demi de nous contaminer de ta joie de vivre!


Il est 2000 ( UTC - 2 ). La routine recommence. Je vais me coucher. 

Je me réveille continuellement de 2000 à 0000. Mon estomac me dit que j'ai abusé de fromage au souper... La lasagne était très bonne, mais elle a eu le même effet que la dernière poutine mangée au Québec. 
Sur le bateau et particulièrement en traversée nous mangeons plutôt léger. Notre système n'est plus habitué aux "overdoses" de gras. Je décide de me lever et de prendre du "Sel Eno". Le premier sachet a probablement été contaminé par l'humidité, il ne pétille pas. J'en trouve un dernier, ouf,.... Celui-là pétille un peu. J'espère que ça me soulagera.

Dave vient à ma rencontre et me semble exténué. Je lui propose d'aller se coucher. Je vais faire 4 heures et j'irai le réveiller quand je serai fatiguée.

11 décembre - jour 17

Assise dans le cockpit, j'écris sur mon iPad en regardant le lever de la lune. C'est un spectacle que je manquais de peu à toutes les nuits depuis notre départ. Maintenant que l'heure de nos quarts est ajustée, je peu l'admirer. 

Je regarde actuellement un tapis illuminé qui fait un pont entre la lune et le bateau. Ce tapis de lumière suit continuellement un mouvement de balancement de gauche à droite et de droite à gauche. Tout autour de ce tapis scintillant, la mer est noire. Malgré la houle qui avance vers la poupe du voilier et qui peut atteindre parfois 8-10 pieds, je me sens bien et en sécurité. Le vent a forcit, il n'y a que très peu de claquements de la grande-voile. Un vent de fraîcheur émotive revient sur nous...

La nuit est paisible. Parfois, j'ai même l'impression que le voilier est arrêté. Mon attention s'arrête alors aux instruments pour constater que nous glissons à 6 noeuds sur une mer organisée. C'est toute la différence du monde de faire de la voile sur un tel plan d'eau plus serein et organisé.

Pendant la journée, le vent tombe encore. Les voiles se mettent à claquer à nouveau. Nous avions bien cru pouvoir filer ainsi jusqu'à l'arrivée. Nous recalculons notre ETA (Estimated Time Arrival) sans cesse. En fait, il augmente plus on avance. 

À un moment, le vent apparent souffle entre 8 et 13 noeuds, et en principe nous devrions avancer raisonnablement quand il est de 9 noueds et plus, mais on roule entre 3.5 et 5 noeuds. C'est décourageant! À n'y rien comprendre! On devrait faire au dessus de 5 noeuds dans ces moments.

Nous décidons d'affaler les voiles et de partir le moteur. Au moins nous avancerons à une vitesse de 5 noeuds en ligne droite vers notre arrivée. 
Lors du démarrage du moteur, Dave constate qu'il y a une grande quantité d'algues qui fait surface à l'arrière du voilier! Ça devait être cela qui nous freinait de cette façon. Elles étaient probablement enroulées autour de l'hélice et du safran, ralentissant du même coup notre vitesse. 

Il y a tant d'algues qui flottent sur la mer depuis 4 ou 5 jours.


Durant la journée, Demi nous fait un bon pain frais. Elle le pétrit de longues minutes et le laisse gonfler avant de la faire cuire. Ce sera très bon!

Nous terminons notre journée à voile.


12 décembre - jour 18

La nuit se passe relativement bien jusqu'à 0300. Quand Dave va se coucher, je prends la relève et une série de grains se succèdent sans cesse. 
Quand un grain arrive proche de nous, le vent tourne plus vers le nord et augment habituellement en force. 
Entre 0400 et 0700, comme les grains se sont succédés et que le ciel s'est complètement "bouché", nous avons augmenté nos miles nautiques restans à faire jusqu'à Ste-Lucie de 10 mn vers le nord. Les vents pouvaient atteindre 32 noeuds par moment. Nous roulons avec le grande-voile seulement. C'est tellement encourageant de filer à plus de 7 noeuds. Parfois, le voilier "surf" les vagues à une vitesse sur le fonds de 11 noeuds! Je refais alors le calcul de notre ETA! Hihi! À ce rythme, il ne nous reste qu'une nuit en mer à veiller! On verra. Jusqu'à maintenant, le vent n'a jamais tenu plus de 24 heures de suite.

À 0900, je vais me coucher, exténuée de ne pas avoir relaxé 2 minutes, veillant toujours à ce que Morning Haze ne parte pas à l'auloffée avec tout ce vent. Sommeil mérité.

À 1115, on doit empanner les voiles. Notre cap nous monte encore plus vers le nord et les voiles claquent depuis1 heure. Dave est mal à l'aise de venir me réveiller. J'ai hâte que nous arrivions à destination. Le sud est une meilleure destination pour toucher le fil d'arrivée! Nous faisons des manoeuvres.

Je tente de me rendormir.... Sans succès. L'adrénaline d'arrivée commence à couler dans mes veines. Je suis fatigué physiquement, mais j'ai du mal à dormir. Aussitôt que je suis éveillée, je calcule et observe les ETA variant avec notre vitesse... Ça occupe l'esprit! ;)

Aujourd'hui, il fait beau soleil. Il n'y a pas de nuages. Le vent a faibli, et notre ETA se reporte continuellement. Nous avançons à une moyenne de 6 noeuds. 
2 nuits en mer à faire...

Les filles prennent le dernier échantillon d'eau de mer pour Ocean Conservation. Je me rappelle avoir pensé au dernier échantillon que l'on aurait à prendre il y a 3 semaines.... Je me disais que notre traversée serait tout près de la fin... Et oui, nous y sommes à ces derniers miles en mer.

À 2020, je me couche encore, alors que les filles et Dave écoutent un film. J'ai bien hâte moi aussi profiter de ces moments en famille. Mais je dois aller me coucher si je ne veux pas cogner des clous pendant mon quart de la prochaine nuit.

13 décembre - jour 18

Un appel sur le VHF du voilier Serenity me réveille en sursaut. Il est 0232. Je suis un peu mêlée. Je dormais bien et ne me rendais pas compte que j'étais sur un bateau tellement le voilier ne bouge pas. Tout est calme. Ça me décourage sur le coup car j'ai même l'impression qu'on n'avance plus. Rebecca me sourit et me dit :
"Maman, nous avançons à plus de 6 noeuds en moyenne..." 
À ce moment je soupire de soulagement. Je souris. Nous avançons. 

Le voilier Serenity avertissait les bateaux tout autour qu'il se mettait à la cape pour pouvoir dormir un peu. Son pilote automatique est brisé et il doit barrer en continu. Ils sont seulement 2 sur le voilier, lui et sa conjointe. Bien heureuse que ce ne nous soit pas arrivé à nous. Le pilote automatique est un barreur clé dans une traversée d'une telle envergure. Bonne fin de traversée Serenity!

Cette nuit, le ciel est clair. Il n'y a pas de grains en vue. Simplement quelques nuages qui nous apportent du vent. Demain, nous devrons naviguer un peu plus vers le sud. Les vents sont prévus pour tourner NE, nous permettant ainsi de garder notre allure actuelle et se diriger tranquillement SO avec le vent. C'est une nuit exceptionnelle de voile. Quel bonheur!

À 0430, le vent tourne vers le nord de 30 degrés. Le ciel se couvre et j'observe la masse grise qui s'approche vers l'arrière. Ces nuages passeront'ils au-dessus de nous? De quel type de nuages sagit-il?... Pluie forte? Vents forts? Tout dépendant de mon analyse, je deciderai d'enrouler le génois ou pas. Si les vents montent au-dessus de 30 noeuds, il y a plus de précautions à prendre. Je dois prendre une décision. 

Je décide de ne pas enrouler le génois.

Et oui! J'ai visé juste! Chaque nuage qui s'approche à 30 degré du vent, doit être analysé par rapport à nous. La jour ce n'est pas toujours évident, alors imaginez la nuit et en plus, quand la lune n'est pas présente c'est encore plus difficile. On commence à savoir un peu comment analyser les nuages après avoir presque complété le tour complet de l'Atlantique. ;) On en a encore beaucoup à apprendre à ce sujet!

En début de journée, nous croisons le catamaran Libeccio qui avance avec son Parasailor bleu. Nous prenons plusieurs photos avec cette luminosité extraordinaire!



En cette dernière journée à naviguer pour compléter notre traversée, nous sentons fermement cette hâte d'arriver. En même temps, nous sommes bien ici. Les sentiments ambivalents se succèdent. Si ce n'était pas des vents trop faibles, trop variables et de la mer instable et croisée, nous n'aurions pas aussi hâte de rentrer...

La journée se passe à faire le ménage intérieur du bateau. Arrivés à quai, il ne restera que l'extérieur, soit environ 2 jours de travail à laver voiles, pont, cordages et nettoyer tout le stainless. 

Les files décident de faire un vidéo avec Sailor Ted. Le sujet est "Comment faire des brioches à la cannelle en navigation". Vous pourrez voir Demi en vedette dans ce court métrage. Il sera à l'affiche cette sur le site des "daily logs" de l'ARC. (Malheureusement, lorsque j'ai tenté d'exporter leur imovie sur Youtube, j'ai effacé leur vidéo. Quelle tristesse j'ai ressenti et quelle rage en dedans de moi... Milles excuses de tout mon coeur les filles... Votre vidéo était exquis, magique...)

Le vent diminue d'heure en heure. Notre vitesse diminue aussi. Et notre ETA lui, augmente. Plus les heures avancent, plus nous lâchons prise sur notre heure d'arrivée. Nous prévoyons entrer de noirceur, tôt le matin à Ste-Lucie (environ 6 heure, heure de Ste-Lucie). Ce n'est pas le moment rêvé pour arriver. Je m'étais imaginé ça autrement disons. Apparemment,  le personnel de l'ARC et un reprrésentant de Ste-Lucie accueille chaque bateau 24/24 avec un panier de fruits et un rhum punch! Au moins, il y aura 2 personnes pour nous taper dans la main! ;)

14 décembre - jour 19

On réorganise nos quarts de nuit. Vers 0700 (UTC) demain matin nous devrons être 2 pour faire notre approche de l'île de Ste-Lucie. Dave fera le premier quart de 2100 à 0000. Je me lève à 0000. À 0100, comme Rebecca fait de la lecture, nous lui demandons de faire un quart de 1 heure. Durant son quart, vers 0130 Rebecca a aperçu une pluie d'astéroïdes! 

À 0230 je prends la relève jusqu'à 0600. Je vois plusieurs étoiles filantes. ;)

Dave se lève à 0600. À 0700, nous sommes tous les 2 dans le cockpit à préparer notre approche. Les filles se lèvent aussi. La satisfaction d'avoir réussit cette traversée se sent sur Morning Haze.

À 0954 ( UTC) nous franchissons la ligne d'arrivée! Il est 0545, heure de Ste-Lucie.

Quelle joie de voir enfin la terre!


Le jour commence à peine à se lever lorsque nous franchissons la ligne d'arrivée. Un photographe vient nous rejoindre et c'est avec la plus grande fierté que nous levons la main à notre traversée de l'Atlantique!


Nous préparons amarres et défenses pour enfin s'amarrer dans la marina IGY de Ste-Lucie. Deux représentants de l'ARC et 1 représentant de Ste-Lucie nous accueillent, rhum punch, sodas et panier de fruit frais. Les équiages des bateaux déjà arrivés dorment encore. Notre arrivée se fait plutôt discrète. ;) Merci à tous cceux qui sont venus nous saluer et nous féliciter durant la journée!

Toute la journée, nous travaillons sur le bateau pour le "désaler" et pouvoir se reposer durant les jours suivants.

En soirée, nous ouvrons la bouteille de champagne généreusement offerte par Isabelle, François et Marie-Alice. Votre bouteille a fait le tour de l'Atlantique avec nous et ce soir nous la sabrons avec émotion en pensant à vous! Merci à vous 3!

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